De ruines en ruines

Voilà plusieurs jours que nous parcourons les ruines incas, après Cusco, la vallée sacrée. Q’coricancha, Sacsayhuaman, Tambomachay, Pukapukara, Q’enqo, Tipon, Pisacq, Moray, Ollantaytambo… Des noms qui sont pour la plupart imprononçables ou tout au moins pas mémorisables, des noms qui jusque-là ne nous évoquaient rien ou presque et des lieux pourtant passionnants et chargés d’histoire. Des lieux qui, si vous aimez, un temps soit peu, l’Histoire et les histoires, vous aspirent et vous inspirent. Personnellement on se régale.

Partir à la découverte de la culture inca, dont la période d’hégémonie a été, en réalité relativement courte, mais très riche ; se rendre compte combien ils avaient établi un système structuré et intégrateur; réaliser aussi combien leur mode de penser pouvait être différent du nôtre - pas la roue, pas de monnaie, importance excessive donnée à la forme des montagnes ou des vallées pour s’y installer- ; comprendre qu’ils avaient tout anticipé – el nino, la famine, les possibles révoltes, le contexte tribal – tout sauf l’arrivée des espagnols…. Bref tout ceci est passionnant.

Le voyage a ceci de bon que ce que nous pourrions apprendre dans un livre, nous l’apprenons pour de bon, en le vivant, en le ressentant. Voilà trois jours que nous nous sommes installés au fond de la vallée à Ollantaytambo. Après Ollantaytambo, il n’ y a plus rien, plus de route, plus de ville, seule la rivière Urubamba qui suit son cours et la ligne de train qui dessert le Machu Picchu (donc pas tout à fait plus rien :-) ).

Ollantaytambo est une des rares villes qui soit restée en l’état depuis la chute de l’Empire inca. Les maisons ont été reconstruites sur les maisons incas, les murailles sont apparentes, les fondations également, le plan de la ville n’a pas bougé d’un pouce. Le petit village en bas, ses habitations toujours bien vivantes, sur le flanc droit de la montagne comme suspendu dans les airs ses greniers à céréales, en face accrochés sur un piton des terrasses agricoles, une forteresse et un temple, plus bas dans la vallée un pont inca et toujours ces éternels terrasses qui façonnent les montagnes. De part sa position stratégique pour accéder au Machu Picchu et parce qu’elle compte parmi les plus belles ruines de la région, un flot de touristes s‘y déverse quotidiennement. Bien entendu on y mange mal et cher, bien entendu il faut faire un pas de coté à chaque énorme autocar qui écrase ses petites rues pavées. Mais étonnamment, on ne sait pas trop bien comment, tout ceci tient encore la route et on continue à y ressentir le poids de l’Histoire.

Ce dernier bastion fut le lieu de l’ultime bataille des incas contre les espagnols, quand il était trop tard, quand tout était perdu. Ce lieu a failli être le lieu de leur revanche et leur victoire mais ça ne l’a pas été et chaque pierre semble crier la grandeur déchue de l’Empire inca. Comme si l’air qui y soufflait était le même qu’il y a 500 ans.

Je ne suis pas très chamaniste et tout ça, il n’empêche qu’ici, comme dans pas mal d’autres sites, on ressent des « ondes particulières » ou, tout au moins, on ne peut rester qu’admiratif devant de telles constructions. Notre voyage en terres incas ne nous aura pas déçu et aura été passionnant. Espérons que sa dernière étape, demain, avec le fameux Machu Picchu ne soit pas la déconvenue que certains nous ont annoncée (temps prévu pas fameux, masse de touristes assourdissante, jackpot touristique péruvien qui peut générer quelques abus et être agaçant). Si c’était le cas, nous l’oublierions bien vite pour ne garder en tête que les fabuleux endroits que nous avons traversés jusqu’à présent.

Ollantaytambo, le 26 juillet

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