De manière abrupte et sans transition les unes avec les autres, voici quelques réflexions ou pensées qui m’ont ou nous ont traversé de retour de voyage. La plus étrange est ce drôle de sentiment d’avoir vécu un rêve collectif. Rêve non pas au sens que toute cette aventure était vraiment merveilleuse mais plus parce que cette expédition nous donne l’impression de ne pas être tout à fait réelle. Nous avons étonnamment vite réintégré les pénates de notre ancienne vie quotidienne. Nous sommes là et bien là, à discuter avec les gens autour de nous, à gérer les questions logistiques courantes, à travailler, à aller à l’école, comme si la vie ici ne s’était pas vraiment arrêté et comme si nous n’étions jamais vraiment partir et rien, jamais, ne nous rappelle et ne nous ramène dans ces lointaines contrées…

La certitude de vivre dans un gâchis de surconsommation permanent. Nous avions beaucoup trié, jeté ou donné - ce qui est plus compliqué qu’on ne le pense – avant de partir. En remontant nos affaires de la cave, nous en avons encore profité pour nous débarrasser d’un certain nombre de choses, de nos vêtements notamment. Mais l’appartement est déjà plein comme un œuf. Quand je pense que nous avons vécu avec 4-5 paires de tenues chacun pendant 5 mois, j’ai du mal à comprendre pourquoi entasser aujourd’hui autant de vêtements chez nous et comment avons-nous fait pour en amasser tant, alors que nous ne sommes absolument pas fashionista.

Petit bénéfice caché : nous trouvons notre appartement immense. Vivre dans 5 pièces après avoir partagé pendant 5 mois une chambre, un bungalow ou un camping-car, nous donne aujourd’hui le sentiment de vivre dans un palace (même si il n’y a pas assez de place pour nos fringues cf. ci-dessus)

L’attaque des petits virus. Est-ce le changement de climat ? Est-ce parce que nous n’avons pas assez fait travailler notre système immunitaire ces derniers mois ? Ou la faute à la pollution de l’air à Paris ? Nous avons tous été terrassés par un méchant petit virus… Rien de grave mais je pense que l’entrée en maternelle d’Avril n’est, en tous cas, pas la seule en cause.

Le manque des uns et des autres. Il me concerne plus. Je pensais ne pas supporter de vivre à 5 en permanence sans avoir jamais un moment pour moi – et je ne vous cache pas que le temps de la douche était un peu le moment sacré de la journée – mais en réalité, c’est ne plus être tous les 5 qui me pèse. Vence est reparti dans son rythme effréné d’universitaire. Sa carrière le passionne et c’est vraiment une chance. Mais nous le voyons moins, beaucoup moins évidemment par rapport au 100% de notre temps précédemment et moi je trouve ça triste. Visiblement Avril aussi.

Réflexion sur la monotonie de Vence – déjà partagé dans ces pages : « ce qui est dur quand on rentre d'un voyage de 5 mois c'est de faire tous les jours le même trajet. »

Nostalgie heureuse. Avoir, à tout prix envie, de s'approprier le concept japonais de Nostalgie heureuse (voir livre du même titre d'Amélie Nothomb) et vivre encore quelques semaines - quelques mois ou quelques années - dans un souvenir joyeux et épanoui du voyage.

Retour à la vie réelle et  réflexions d'atterrissage

Paris, le 18 septembre

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