Un territoire pour deux communautés

Nous avions raconté notre passage de frontière – assez neutre - mais nous n’étions pas allés jusqu’au bout de notre récit pour ne pas trop en dévoiler sur notre première impression lors de notre arrivée à Belfast. Nous attendions sans doute de confirmer ou infirmer cette dernière après une exploration plus approfondie de la ville, je pense.

Voilà donc si le passage de la frontière se fait sans heurts et s’il est tout juste perceptible, une fois à Belfast il n’en va pas de même.

 

Peut-être est-ce parce que nous sommes logés dans l’est de la ville, quartiers qui sont historiquement plus protestant et donc unioniste ou peut-être les tensions sont-elles accentuées par la ville, une chose est sûre une fois à Belfast le doute n’est plus permis, nous sommes en terres du Royaume-Uni. L’Union jack flotte partout. Des fanions, de plus grands étendards, de plein de forme, suspendus en guirlande en diagonal à travers les rues, sur frontons des maisons, en haut des poteaux électriques, bref des drapeaux britanniques comme si c’était jour de fête nationale. D’ailleurs nous nous sommes demandés si ce n’était pas le cas, tellement c’était troublant. Mais non pas du tout. C’est comme ça tous les jours.  

Alors évidemment ça n’est pas partout mais affirmé à ce point qui on est nous est apparu comme une provocation et on s’est dit que l’union nationale n’était pas si clair.

On ne parle même pas des drapeaux UDA ou UVF (forces armées pro-unioniste) et il y a peut-être surement les mêmes dans les quartiers de l’ouest, catholiques.

 

Evidement nous avons rencontré plein de contre-exemple :  Susan et Dermot avec qui nous échangeons nos maisons, sont catholiques dans un quartier protestant et semblent s’entendre parfaitement avec leurs voisins. Leurs charmants amis Cathy et Paul avec qui nous avons eu la chance de passer une après-midi sont pour l’une catholique et pour l’autre protestant et elle travaille dans un lycée d’intégration.

Mais malgré tout, ne serait-ce que parce que la majorité des enfants vont dans des écoles privées confessionnelles, l’une et l’autre des communautés peuvent ne jamais se croiser, ce qui ne facilite pas le « vivre ensemble ».

 

La tension est tellement perceptible – avec ces drapeaux partout, dans les récits fait dans les musées, au travers de quelques mots échangés avec nos hôtes - qu’au bout de quelques jours nous passions notre temps à nous demander si nous nous adressions à des unionistes ou des nationalistes en parlant aux gens.

Se définir ou se faire classifier à la première rencontre sur la base de ses options politiques (car dans le fond c’est bien plus de cela qu’il s’agit que de religions), c’est quand même très très particulier… Et cela aura été une des impressions les plus marquantes de notre séjour nord irlandais.

Un territoire pour deux communautés

Dimanche 19 août, Belfast

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